Nanterre info - 485 : Juin 2023

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Joseph NongaJoseph Nonga

Réforme du lycée professionnel : l’avenir de nos élèves, une nouvelle variable d’ajustement ?

Le 4 mai dernier, le président de la République présentait les grandes lignes de la refondation du lycée professionnel, présentée comme nouvelle « cause nationale » du quinquennat et reposant sur trois axes principaux que sont l’augmentation des stages, la revalorisation salariale des enseignants, sans oublier une amélioration de l’offre de formation.

La filière pro, comme on l’appelle assez souvent, souffre depuis trop longtemps d’une mauvaise image en France, comparée à d’autres pays européens. Souvent considérée comme une « voie de garage » promise aux élèves les plus en difficulté et généralement issus de milieu modeste, elle peine toujours à se montrer attractive pour nombre de lycéens ainsi que leurs parents. À titre d’information, 57 % des élèves inscrits en lycée professionnel ont une origine sociale défavorisée contre à peine 30 % en lycée général. Qui plus est, seulement 40 % des diplômés d’un bac professionnel obtiennent un emploi dans les six mois suivant la fin de leur cursus. Dans ces conditions, une nouvelle approche, plus positive, constructive, valorisante et traitant les nombreuses disparités constatées au niveau social, doit être envisagée afin de répondre aux attentes des lycéens, comme du corps enseignant.

Le projet d’Emmanuel Macron obéit, malheureusement, à une logique comptable. Logique comptable dans laquelle l’élève inscrit en lycée pro est considéré par le gouvernement comme une variable d’ajustement au bénéfice du marché et dépourvu d’une culture générale conséquente. En effet, en proposant une indemnité aux futurs élèves stagiaires, le chef de l’État assume clairement sa volonté de donner un rôle prépondérant aux entreprises en leur garantissant une main-d’oeuvre très bon marché, au détriment du corps professoral, une nouvelle fois déconsidéré.

La mesure à venir constitue une menace profonde pour le lycée professionnel aussi bien pour les élèves que pour l’ensemble du milieu éducatif, déjà frappé par une baisse significative de moyens ainsi que du temps d’enseignement, conséquence de la précédente réforme mise en place en 2019. À Nanterre, comme dans l’ensemble de notre pays, les professeurs jouent, pourtant, un rôle essentiel à l’épanouissement personnel comme intellectuel de nos enfants. En les destinant à devenir des jeunes travailleurs précoces et peu coûteux, Emmanuel Macron semble renoncer à toute ambition pour cette partie de la jeunesse issue en grande majorité des quartiers défavorisés, les condamnant de facto à rester dans leur condition sociale. À l’heure où l’ascenseur social semble plus en panne que jamais, cette proposition ne ferait qu’aggraver encore un peu plus les inégalités plutôt que de les abolir une bonne fois pour toutes.

L’enseignement professionnel, et encore moins nos jeunes, ne peuvent, par voie de conséquence, servir de variable d’ajustement au seul bénéfice des entreprises et du marché. À l’heure où nos enfants aspirent à un avenir radieux, prospère et désirable et que les carrières, professionnelles ne se conçoivent plus de façon linéaire comme immuable, il est de notre devoir de les préparer en leur offrant des conditions d’apprentissage optimales et un enseignement de qualité Des outils indispensables pour réduire voire corriger les inégalités de destin encore trop présentes dans notre société.

Joseph Nonga

www.ps-nanterre.fr

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