Chronique de deux ans de mandat

À partir de ce mois de janvier, le groupe de Nanterre Ensemble change de visage dans l’assemblée municipale. En effet, pour des raisons à la fois personnelles et professionnelles, nous avons tous les deux pris la décision de mettre un terme à notre engagement et ainsi de céder la place à nos deux collègues suivants sur la liste électorale. Certains d’entre vous ont voté pour nous en 2020, d’autres ne l’ont pas fait. Nous espérons toutefois que vous aurez tous la curiosité de lire ces lignes et que vous serez intéressés par notre « témoignage » !

L’un et l’autre, en nous joignant à l’équipe d’opposition aux côtés de Camille Bedin, avions à cœur de porter une autre voix dans notre ville. En musique, c’est toujours mieux quand il y a plusieurs voix, non ?

Nos engagements respectifs résonnaient avec l’envie de porter la contradiction, comme une sorte de « poil à gratter démocratique » dans un fonctionnement municipal installé depuis des décennies et régi par les mêmes personnes ou presque. Nos sujets de débat et de désaccord porteraient sur nos écoles, sur la vie culturelle, sur l’environnement, sur les choix financiers d’une ville au budget coquet de 360 millions d’euros..., sur l’avenir de notre jeunesse surtout.

En face de nous, un groupe fort (43 contre 10), la majorité municipale, au slogan tellement rassembleur et enviable : Nanterre pour tous… Un groupe porté par un homme, notre maire, respecté et constant, et des « collègues » nouvellement élus, certains comme nous issus de la « société civile » et n’ayant jamais frayé dans les couloirs de la politique... Sur le papier, de beaux débats démocratiques se profilaient à l’horizon…

Au lieu de quoi, chaque conseil municipal s’est avéré un simulacre de débat : réponses méprisantes, ricanements, bavardages et cette assurance que quoi qu’il se passe, tout serait voté à l’écrasante majorité, quasi d’un seul homme, comme par une chambre d’enregistrement automatique. Aux questions inquiètes sur les répartitions budgétaires, sur le bétonnage de notre ville, sur la maigre avancée des promesses écologiques, sur ces arbres centenaires abattus en plein mois d’août sans concertation, sur les décisions partisanes pour éteindre la vitalité de notre Ressourcerie ou les ambitions visionnaires de la Ferme du bonheur, nous avions des réponses lues d’une voix monocorde, sans appel.

Vous citoyens de Nanterre, faites donc l’expérience : il est désormais possible de poser une question au conseil ; vous entendrez une réponse en bois massif, ou alors un magnifique botté-en-touche digne du meilleur arrière du Racing 92 ! À moins que vous ne la posiez quelques semaines avant la prochaine élection, vous n’aurez guère de chance d’être plus entendus. Mais tentez ! Allez aussi assister à un conseil municipal, les dates sont publiques. Ne nous demandez pas un lien internet pour suivre en direct les débats, comme dans la plupart des villes de France et de Navarre ; sachez qu’à Nanterre, une réunion a lieu une semaine avant pour choisir les cinq ou six questions qui seront filmées et diffusées sur le site de la ville quelques semaines plus tard ! Transparence de la démocratie, quand tu nous tiens !

Si le ton de cette tribune est aussi désabusé qu’inquiet, si le ressentiment et la colère se nouent à l’anxiété pour l’avenir, nous restons toutefois convaincus qu’une véritable force d’opposition est primordiale face à une telle majorité, à son fonctionnement et à ses pratiques, ne serait-ce que pour faire savoir, dénoncer, et parfois même l’obliger à renoncer. Pour notre part, nous continuerons tous les deux, de façon différente, à porter cette conviction qu’il faut de la contradiction pour grandir. Il reste un peu plus de deux ans avant le prochain scrutin municipal. Espérons que la polyphonie l’emportera… nous souhaitons bonne chance et bon courage à nos collègues élus du groupe Nanterre Ensemble.