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En vrac, mais dans un cadre adapté !
Le développement des ventes en vrac en France et leur essaimage, avec pour locomotive l’enseigne Day by Day, constitue un signal encourageant de l’évolution progressive des pratiques et des mentalités.
Alors que la France ne comptait que deux épiceries vendant exclusivement en vrac en 2013, les magasins de ce type sont près de 400 aujourd’hui, et le secteur du vrac, tous canaux confondus, réalise 1,2 milliard d’euros de CA, soit 12 fois plus qu’en 2013. Cette tendance répond à une volonté des consommateurs de lutter contre le gaspillage et les emballages inutiles, et de favoriser une économie circulaire, en se réappropriant leur consommation désormais ajustée à leur besoin, en ayant recours à leur propre contenant réutilisable dans tous les magasins… Bref, en s’extirpant des carcans dictés par un consumérisme nous menant dans une impasse.
Mais s’extirper des carcans ne doit pas être une invitation à agir hors cadre… C’est ce que les Anglais n’ont peut-être pas entièrement bien saisi !!! Le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne est présenté par ses partisans comme une tentative des Anglais de réappropriation des règles pour les aménager en fonction de leurs intérêts propres, dans un légitime souci de protection des personnes. Dès l’idée de création de la Communauté européenne, puis de l’Union Européenne, certains ont été tentés de s’extraire des règles communes et de sortir d’un cadre défi ni avant tout en réaction à la tragédie provoquée par la Seconde Guerre mondiale. Cela est inquiétant à plus d’un titre. Ce cadre a apporté une stabilité durable en Europe, sans précédent dans l’histoire. Il est particulièrement périlleux de l’affaiblir dans le contexte géopolitique actuel, miné par les incertitudes provenant de toutes les régions du monde, sans exception.
Sur un plan économique, le risque de distorsions de concurrence, avec la pratique d’un dumping social et fiscal pourrait déstabiliser tout un continent, voire au-delà, sans pour autant bénéficier à ses initiateurs.
Mais c’est sur le plan écologique que le danger est le plus fort, car dans un système anglo-saxon dérégulé et ultracompétitif, une logique financière à court terme risque de prendre le pas sur l’impératif de préservation de notre planète, que seules des règles contraignantes ou incitatives, élaborées de manière concertée et applicables à tous, sont en mesure de garantir. Ainsi le Royaume-Uni, une fois sorti de l'UE, ne sera plus nécessairement contraint de respecter les normes antipollution européennes.
Enfin, sur un plan strictement sanitaire, cette logique de repli n’est nullement une garantie de protection. Bien au contraire, le principe de proportionnalité doit être appliqué sans concession. Ainsi, pour faire face au coronavirus, si une vigilance renforcée constitue une exigence, elle ne doit pas entraîner dans son sillon une suspicion généralisée, avec des relents de racisme, comme nous avons pu l’observer. Sans sous-estimer le danger, à ce stade, le coronavirus a d’ailleurs fait nettement moins de victimes dans le monde que la grippe saisonnière en France chaque année…
Parce qu’il n’y a pas d’écologie sans écologistes ni exploration la tête froide de solutions reliant le global au local !
Alexis Martin, Dominique Debras, Julien Sage