Groupe Gauche Républicaine et Socialiste

En route pour la nouvelle année
Les années se suivent et se ressemblent : 2019, les gilets jaunes, 2020, le mouvement pour la défense des retraites.
L’an passé, les oubliés de la métropolisation, les laissés-pour-compte des politiques publiques, « la France périphérique » si bien décrite par plusieurs essais de Christophe Guilluy occupaient les ronds-points et venaient sur Paris et dans les grandes capitales régionales rappeler leur existence. En dépit du grand débat et de quelques milliards distribués, rien n’est aujourd’hui réglé.
Cet hiver, le mouvement pour la défense des retraites a pris le relais. Au-delà de la question des régimes spéciaux et des conditions de départ en retraite des fonctionnaires, le Gouvernement a le projet de remettre en cause, unilatéralement, le contrat implicite passé avec ses salariés : une modestie salariale durant la vie active, mais une retraite correcte. Tous ont conscience, et en premier lieu les enseignants, que cela conduirait à une baisse drastique des retraites à moyen terme.
Les mouvements sociaux en cours – même s’ils perturbent fortement la vie des gens – y trouvent leur légitimité. La retraite, seul patrimoine de ceux qui n’en ont pas, constitue une revendication existentielle évidente.
Le pouvoir en place, après ceux qui l’ont précédé, entend remettre en cause notre système social, issu largement du Conseil national de la Résistance (CNR) pour l’adapter aux conditions de la concurrence européenne. Il n’est qu’à voir l’âge moyen de départ à la retraite et le niveau des pensions dans la plupart des autres pays de l’Union européenne, retraite par points ou pas, pour s’en convaincre. N’oublions pas que la Grèce a dû récemment passer sous les fourches caudines de l’Europe en sacrifiant un système de retraite jugé trop généreux.
L’adaptation de notre pays aux dures règles économiques de la mondialisation, mantra du Gouvernement et du patronat, ne s’arrêtera donc pas là. Notre système social parmi les plus développés d’Europe est un obstacle à la libéralisation de notre économie. L’année qui vient et celles qui suivront seront donc l’occasion de nouveaux détricotages.
La contestation syndicale est donc légitime mais celle des partis politiques progressistes ne peut se limiter à l’accompagner et doit proposer d’autres ambitions. Force nous est de constater à l’expérience récente que cela n’a pas été toujours le cas. Rien ne se construira sans remises en cause et droits d’inventaire d’un passé récent. Pour les uns, il conviendra de faire l’examen de conscience, ici et maintenant, des conséquences d’une construction européenne libérale en proposant une réorientation vigoureuse pour la rendre acceptable et utile. La fuite en avant n’est plus une option. Bref, de quitter les rivages du social-libéralisme pour devenir de vrais républicains sociaux. Pour les autres, de continuer à chercher l’idéal tout en prenant en compte un réel incontournable. La création de richesse précède toujours sa répartition. Le temps des lendemains qui chantent et des modèles importés n’est plus d’actualité.
Il reste du pain sur la planche pour l’avenir. À Nanterre, la Gauche Républicaine et Socialiste prendra toute sa place pour participer aux débats qui ne manqueront pas. Dans l’attente, il nous reste encore un peu de temps pour vous souhaiter nos meilleurs vœux pour 2020.