Groupe Communistes et d'Initiative Citoyenne

Des mesures à la hauteur des enjeux du système de santé
Depuis plus de six mois, les personnels paramédicaux des urgences mènent une grève de grande ampleur. Mi-septembre, près de 250 sites étaient en grève, soit plus de la moitié des 474 urgences publiques du pays. Les soignants réclament la réouverture massive de lits, l'accroissement des effectifs et une revalorisation salariale. Le « pacte de refondation » présenté par la ministre de la Santé, annonçant 750 millions d'euros entre 2019 et 2022, s'est avéré décevant. Ces douze mesures axées sur la réorganisation des soins et sur le développement des alternatives aux urgences ne répondent pas aux demandes du personnel urgentiste : plus de lits et plus d'effectifs. De plus, elles seraient financées par des réaffectations de crédits, donc sans augmentation du budget général des hôpitaux publics. La grève continue, rejointe désormais par certains médecins, comme l'Association des médecins urgentistes de France.
Il est urgent de mettre en place de vraies mesures de soutien. Le nombre de passages dans les services d'urgences ne cesse d'augmenter : 21,4 millions ont été enregistrés en 2017, en hausse de 2,1 % par rapport à 2016, alors que dans le même temps, les fermetures de lits se sont poursuivies, passant sous la barre des 400 000 places disponibles, selon un rapport du service statistique du ministère de la Santé. Les délais d'attente ne cessent de s'allonger, suscitant l’angoisse des patients, et des situations de tension qui deviennent ingérables pour les soignants. Il faut restaurer des conditions de travail dignes et retrouver plus d’humanité dans la chaîne des soins
Quelques mesures ne suffiront pas à calmer la crise des urgences. Elle est le symptôme d’une crise globale du système de santé. Depuis plus de 20 ans, le service public hospitalier a été démantelé par une succession de lois dans une logique d’austérité, visant toujours plus de gains de productivité, sans tenir compte des besoins. Les effets de l'évolution démographique n'ont pas été anticipés : l’allongement de l’espérance de vie entraîne l’augmentation de la population âgée et des soins de santé. La médecine de ville s’est transformée. Les délais d’attente pour un rendez-vous chez un spécialiste sont passés en huit ans de quarante-quatre à soixante-sept jours, hors examens complémentaires. Certains patients ayant besoin de prise en charge rapide se tournent vers les urgences.
À Nanterre aussi nous sommes confrontés à ces problématiques. Notre hôpital a été menacé et il a fallu une longue mobilisation pour y maintenir des services de qualité répondant aux besoins des populations. La ville dispose de moins de professionnels de santé libéraux que dans le reste du département. Sur les dernières années, plusieurs généralistes ont arrêté leur activité sans être remplacés. Pour pallier ces difficultés, nos centres de santé municipaux accompagnent les patients dans leurs démarches et présentent une offre de soins importante.
La santé est un bien précieux, elle doit être considérée comme un investissement au bénéfice de tous. C’est une richesse et non un coût. Des mesures à la hauteur des enjeux de notre système de santé doivent être prises par le gouvernement de façon urgente. C’est ainsi que nous pourrons prendre soin des soignants et des soignés.
Nadine Ali
Groupe Communistes et d'Initiative Citoyenne