Nanterre info - 438 : Décembre 2018

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Groupe Mouvement républicain et citoyen

André Cassou et Francis Masanès

Itinérance ou errance mémorielle

U

ne réécriture de l’histoire est en cours à l’occasion de la célébration du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale.

Les origines de la guerre de 1914-1918
Ainsi, le récent livre de Christopher Clark, Les Somnambules, renvoie dos à dos les nations européennes dans les origines du conflit, parlant d’une responsabilité collective en minimisant à l’excès la responsabilité du Deuxième Reich et de l’Autriche-Hongrie dans la généralisation de la crise au lendemain de Sarajevo.

Or, en 1914, la France n’était pas agressive, à l’inverse de l’Allemagne qui pour envahir la France a violé la neutralité du territoire belge, conformément au plan Schlieffen de 1905 qui prévoyait la capitulation de la France en moins de six semaines. De 1914 à 1918, notre pays a donc répondu à la guerre qui lui était faite pour défendre son intégrité territoriale.

Pétain, héros ou traître ?
Condamné en 1945 à l’indignité nationale et à la peine de mort, comme traître à la nation, Philippe Pétain ne peut être honoré par la République. Général de l’armée lors de la Première Guerre, élevé au titre de maréchal à l’issue de celle-ci, il organisa la collaboration avec l’occupant – devançant même ses ordres – livrera les juifs aux nazis et traquera les résistants avec sa milice de sinistre mémoire. La confusion qui s’est engagée sur cette affaire est une blessure à la mémoire nationale.

« Le retour aux pires heures de notre histoire »
La stratégie manichéenne du président Macron pour les élections européennes oppose les gentils progressistes (lui et quelques autres) aux méchants populistes (tous les autres) plutôt que d’inscrire le débat sur ce que devrait être une Europe qui protège par rapport à celle d’aujourd’hui qui inquiète.

Pour justifier cette lecture, lui-même et les siens n’hésitent pas à réécrire l’histoire de l’entre-deux-guerres en mêlant les pays où le nazisme et les fascismes étaient au pouvoir et ceux où la démocratie dominait. Or, c’est la démocratie et donc le peuple qui portait au pouvoir, en 1936, le gouvernement du Front populaire avec à sa tête Léon Blum de confession juive. Cela ne posait donc pas de problème. Alors qu’en Allemagne se dé- roulaient la Nuit de cristal et les pogroms antisémites, préludes à l’Holocauste et à la Seconde Guerre mondiale. C’est en 1940, dans les bagages de l’envahisseur que le régime collaborationniste de Vichy s’est installé et que la République française a été mise entre parenthèses le 10 juillet 1940 avec le vote des pleins pouvoirs à Pétain : « Plutôt Hitler que le Front populaire », disaient-ils…

On ne doit pas vivre dans le passé mais il faut le connaître. Les nations européennes vivent maintenant en paix et construisent l’Union européenne (UE), car c’est la paix qui permet de faire l’Europe et non l’inverse. Le débat actuel n’oppose pas les progressistes et les populistes mais ceux qui se satisfont d’une zone de libre-échange et ceux qui veulent faire de l’UE un outil de lutte contre la mondialisation libérale et pour le bienêtre des peuples qui la composent.

L’Europe, finalité ou moyen ? Voilà un bon débat en perspective pour le printemps prochain.

André Cassou et Francis Masanès

Groupe Mouvement républicain et citoyen

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