Nanterre info - 435 : Septembre 2018

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Groupe Mouvement républicain et citoyen

André Cassou et Francis Masanès

Abracadabrantesque !

S

aga de l’été ou feuilleton à multiples rebondissements, « l’affaire Benalla », du nom de ce jeune collaborateur de l’Élysée aura démontré les limites du « Nouveau monde » d’Emmanuel Macron. « La République exemplaire », le symbole du Louvre, vient de s’effondrer à la Contrescarpe.
Mais sachons raison garder ! Cette affaire n’a rien à voir avec les scandales du Watergate, du Rainbow Warrior, des accointances de Sarkozy avec Kadhafi ou même de l’affaire Cahuzac.
On aura compris que dans cette affaire tout le monde a essayé de manipuler tout le monde au plus haut sommet de l’État et que la volonté de dissimulation était manifeste. Tout cela met à mal la promesse du président de la République de rompre avec « l’ancien régime » et de garantir une République exemplaire. La commission d’enquête de l’Assemblée nationale aurait dû avoir comme objectif de faire éclater la vérité, ce ne sera pas le cas. Les parlementaires LREM, majoritaires dans la commission, et la présidente de la commission ont montré qu’ils étaient des parlementaires godillots. Le nouveau monde annoncé ressemblait au pire du monde ancien. C’est d’autant plus dommage que l’autre commission d’enquête, celle du Sénat, fonctionne parfaitement… sous la houlette de l’opposition qui y est majoritaire. En assistant au travail serein du Sénat, les Français auront noté l’intérêt d’une deuxième chambre, des partis politiques et d’opposition(s) démocratique(s).
Loin d’être anecdotique, cette affaire est d’abord révélatrice de « l’exercice solitaire du pouvoir ». La révélation du comportement douteux d’un rouage important du dispositif de sécurité élyséen a sidéré le pays. Un collaborateur du chef de l’État frappant des manifestants, c’est la verticalité du pouvoir dans sa version la plus crue. La réaction ahurissante du chef de l’État, ses rodomontades devant un parterre d’élus acquis à sa cause étaient plus celles d’un chef de bande que celles d’un président de la République.
Que restera-t-il de cette affaire ? Sans doute les privilèges, les comportements claniques, les passe-droits, un pouvoir solitaire enfermé dans sa tour d’ivoire.
Emmanuel Macron ne sort pas grandi de cette saga. Les coups portés à la fonction présidentielle, à l’autorité de l’État, à la confiance des citoyens sont réels. Et il sera bien hasardeux de reconstruire un nouveau monde sans tenir compte des enseignements de cette crise et de la nécessité dans notre République de l’existence de contre-pouvoirs. La réforme constitutionnelle à venir devra en tenir compte. Comme l’a souligné le président du Sénat, « le calendrier et le contenu de la révision constitutionnelle paraissent devoir être repensés ».
Aujourd’hui, Emmanuel Macron n’est plus tout à fait « le maître des horloges ».

André Cassou et Francis Masanès

Groupe Mouvement républicain et citoyen

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