Groupe Mouvement Républicain et Citoyen
Européens, comme Pierre Mendès-France
C
’est sans enthousiasme ni perspectives nouvelles que François Hollande et 26 autres dirigeants européens ont commémoré, samedi 25 mars à Rome, le traité, signé 60 ans plus tôt, qui a donné naissance à la Communauté économique européenne (CEE), ancêtre de l’actuelle Union européenne.
Pierre Mendès-France, comme Jean- Pierre Chevènement, n’ont jamais été contre la construction européenne. Mais, chacun à sa manière et en son temps ont alerté les Français sur les inconvénients d’une Europe déconnectée des peuples, fondée sur un modèle libéral.
Ainsi, l’ancien Président du Conseil de la IVe République dénonçait, dès 1957, un projet « basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes ». Il prédisait déjà que dans le cas « d’une crise économique, il se produira un dumping de l’industrie allemande contre la nôtre ». Les faits lui ont donné raison quelques années après.
L’Europe aurait dû permettre, selon lui « une harmonisation dans le sens du progrès social, dans le sens du relèvement parallèle des avantages sociaux et non pas (…) au profit des pays les plus conservateurs et au détriment des pays socialement les plus avancés ». Ce projet doit aller « dans [le sens de] l’expansion et [du] progrès social et non pas dans [celui de] la régression au détriment de la classe ouvrière ».
Pour lui, « l’abdication d’une démocratie [pouvait] prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale ».
60 ans après, on se rend compte que son analyse s’est réalisée. Bruxelles est un pouvoir technocratique, éloigné des citoyens et qui conduit une politique austéritaire. C’est aussi cette réalité que voulaient exprimer les 55 % du non au référendum de 2005 : leur refus de la dépossession du peuple français de sa souveraineté et la fuite en avant vers « la concurrence libre et non faussée ».
Or, on sait ce qu’il est advenu de ce vote, lorsque deux ans plus tard, par une alliance de circonstance entre Sarkozy et Hollande, la ratification du traité de Lisbonne a remis sur les rails de fait ce que les Français avaient refusé…
Aujourd’hui, les peuples se réveillent d’une trop longue duperie. Trente années de dérégulation sur le marché et de mise sous contrôle des politiques nationales ont irrévocablement fissuré le ciment de la construction européenne. Il faut donc revoir de fond en comble le contrat pour rendre l’Union européenne possible et acceptable.
Nous sauverons le projet européen par la recherche de politiques publiques qui contribuent à bâtir du commun et à offrir des aventures positives comme Airbus ou Erasmus, plutôt que le système punitif et réglementaire qui apparaît aux citoyens comme une bureaucratie de plus en plus au service des puissants.
Favoriser une Europe des projets, une Europe par la preuve qui doit succéder à l’intégration à marche forcée dont les peuples ne veulent plus.
Il faut le faire en gardant à l’esprit, le triple objectif que dessine en creux le rejet populaire : une Europe démocratique, prospère, indépendante.
Pierre Mendès-France, comme Jean- Pierre Chevènement, n’ont jamais été contre la construction européenne. Mais, chacun à sa manière et en son temps ont alerté les Français sur les inconvénients d’une Europe déconnectée des peuples, fondée sur un modèle libéral.
Ainsi, l’ancien Président du Conseil de la IVe République dénonçait, dès 1957, un projet « basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes ». Il prédisait déjà que dans le cas « d’une crise économique, il se produira un dumping de l’industrie allemande contre la nôtre ». Les faits lui ont donné raison quelques années après.
L’Europe aurait dû permettre, selon lui « une harmonisation dans le sens du progrès social, dans le sens du relèvement parallèle des avantages sociaux et non pas (…) au profit des pays les plus conservateurs et au détriment des pays socialement les plus avancés ». Ce projet doit aller « dans [le sens de] l’expansion et [du] progrès social et non pas dans [celui de] la régression au détriment de la classe ouvrière ».
Pour lui, « l’abdication d’une démocratie [pouvait] prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale ».
60 ans après, on se rend compte que son analyse s’est réalisée. Bruxelles est un pouvoir technocratique, éloigné des citoyens et qui conduit une politique austéritaire. C’est aussi cette réalité que voulaient exprimer les 55 % du non au référendum de 2005 : leur refus de la dépossession du peuple français de sa souveraineté et la fuite en avant vers « la concurrence libre et non faussée ».
Or, on sait ce qu’il est advenu de ce vote, lorsque deux ans plus tard, par une alliance de circonstance entre Sarkozy et Hollande, la ratification du traité de Lisbonne a remis sur les rails de fait ce que les Français avaient refusé…
Aujourd’hui, les peuples se réveillent d’une trop longue duperie. Trente années de dérégulation sur le marché et de mise sous contrôle des politiques nationales ont irrévocablement fissuré le ciment de la construction européenne. Il faut donc revoir de fond en comble le contrat pour rendre l’Union européenne possible et acceptable.
Nous sauverons le projet européen par la recherche de politiques publiques qui contribuent à bâtir du commun et à offrir des aventures positives comme Airbus ou Erasmus, plutôt que le système punitif et réglementaire qui apparaît aux citoyens comme une bureaucratie de plus en plus au service des puissants.
Favoriser une Europe des projets, une Europe par la preuve qui doit succéder à l’intégration à marche forcée dont les peuples ne veulent plus.
Il faut le faire en gardant à l’esprit, le triple objectif que dessine en creux le rejet populaire : une Europe démocratique, prospère, indépendante.
André Cassou et Francis Masanès
Groupe Mouvement Républicain et Citoyen