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Budget

Les locataires en première ligne dans la crise de l’énergie

Par Isabelle Fruchard

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Face à la flambée des coûts de l’énergie et à l’augmentation brutale des charges, comment les bailleurs et les locataires ont-ils réagi ? Faisons le point, un an après le début de la crise.

« Je reçois une vingtaine de personnes chaque jeudi et j’élabore avec elles des plans d’apurement de leurs dettes. Les échelonnements sont de plus en plus longs. Cent euros d’augmentation de charges, c’est important pour les revenus les plus faibles. Cette hausse a eu lieu en octobre 2022, exigible le 1er novembre, sans que les gens ne soient informés au préalable. » Patrick de Gallard est président de l’Amicale des tours Aillaud et locataire dans le patrimoine de Hauts-de-Seine habitat. Il mesure au quotidien les difficultés de certains locataires à boucler les fins de mois, dans un contexte où les hausses des charges s’ajoutent à celle de l’inflation. Pour les locataires de Seqens, un autre des principaux bailleurs de la ville, la facture a également été douloureuse. « Les locataires bénéficiaient d’un tarif gaz très bas grâce à notre marché avec Engie. Nous les avons informés individuellement mi-septembre de l’augmentation de la provision. Aujourd’hui, nous attendons un fonds d’aide énergie de notre groupe Action logement, qui devrait être débloqué au cours du 1er trimestre 2023 », explique Jean Tribout, directeur délégué Hauts-de-Seine à Seqens.
Du côté de Nanterre coop’ habitat, le plus gros bailleur social de la ville, les quelque 8 000 ménages chauffés au gaz ont été davantage préparés à ces hausses de prix. En concertation avec les représentants des locataires, une hausse de 30 % des « provisions chauffage » a été décidée dès le mois de décembre 2021 afin de lisser celle-ci sur la durée. Par ailleurs, Nanterre coop’ habitat a impulsé une mobilisation aux côtés des acteurs de l’USH (Union sociale pour l’habitat qui regroupe les organismes HLM) pour exiger l’extension du bouclier tarifaire sur le gaz aux résidents des logements sociaux. Mobilisation payante puisque l’État a accepté de prendre en charge une partie du coût de l’énergie pour limiter la hausse à 15 % à partir de janvier. Pour autant, l’inquiétude demeure et les revendications sont loin d’être épuisées. « Certaines familles ont vu leur facture d’eau chaude monter en flèche sur leur quittance de décembre et ont dû demander des échéanciers, témoigne Gérard Hodemon, trésorier du conseil local de la Confédération nationale du logement (CNL). Avec l’ensemble du mouvement HLM et les organisations de locataires, nous demandons notamment la baisse de la TVA sur le gaz et l’électricité à 5,5 %, l’augmentation des plafonds d’APL et le retour à un véritable service public de l’énergie avec des tarifs réglementés. »

Crédit image : AdobeStock - Negro Elkha