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ÉDUCATION AUX MÉDIAS

Les fake news ne passeront pas par eux !

Par Catherine Portaluppi

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Savoir reconnaître une fausse information, ce n’est pas si simple. Alors, pour combattre ces fameuses fake news, une association enseigne aux lycéens de Joliot-Curie à fabriquer une vidéo complotiste ou, au contraire, une vidéo démontant une fausse info. Pour ne plus se laisser manipuler.

Se mettre dans la peau d’un journaliste, analyser une information, chercher son origine et les façons de la vérifier : ce sont les objectifs des ateliers organisés depuis décembre dans plusieurs classes par l’association de journalistes Fake Off. « C’est très important pour les jeunes de ne pas subir les discours des médias et des réseaux sociaux, ils doivent être capables de les décoder et d’en comprendre les enjeux, déclare Céline Calmet, enseignante en français, l’une des quatre profs de 1re G3 à l’origine du projet. C’est aussi une belle occasion de rencontrer des journalistes, un métier qu’ils connaissent mal. » La discussion s’engage vite entre les élèves et les jeunes journalistes de Fake Off. Vérifie-t-on toutes les infos avant de les diffuser ? Normalement oui, mais l’urgence peut amener à faire des erreurs, précisent les intervenants. Pourquoi les réseaux sociaux sont-ils à la source de tant de rumeurs ? Parce qu’ils mettent en avant des contenus sensationnalistes, clivants, pour faire réagir !
Lors des prochains ateliers, les élèves choisiront une fake news et filmeront leurs investigations pour la démonter. « Au fil des séances, les élèves mènent les recherches, repèrent que le site n’est pas fiable, que la photo est détournée. Nous les guidons seulement », explique Marie Fortunato, journaliste intervenante. « Ils découvrent les ingrédients nécessaires à la réalisation d’une vidéo complotiste, de quelle manière des faits apparemment vrais sont détournés, l’utilisation de la musique pour faire peur », continue Christine Baraud, prof documentaliste. Un travail qui a passionné les lycéens : Aliya a retenu l’importance de la pluralité des médias ; Mathis a découvert que les correspondants de presse vivent sur place, dans le pays ; et Basma a appris que les journalistes ont le devoir de ne pas révéler leurs sources, pour les protéger. Faire une vidéo « nous permettra de comprendre comment on est manipulés », pense Hadidja, « comment ils arrivent à nous emmener dans leurs croyances », précise Gaïa. « Sur les réseaux sociaux, on a souvent la flemme de vérifier », reconnaît Lokmane. « Ça peut nous rendre plus vigilants aussi », conclut Gnatame.

affiche Marie Fortunato, journaliste en télévision, membre de l’association Fake Off
Le coronavirus, les vaccins, les traitements sont des sujets très souvent évoqués par les jeunes quand on intervient dans les lycées pour nos ateliers “débunks” de fausses infos. Ils nous interpellent sur une épice censée guérir le Covid ou sur la puce 5G prétendument injectée avec le vaccin. La fake news se diffuse facilement car elle simplifie une situation complexe – surtout en santé et en sciences – et elle rassure car elle explique l’incompréhensible. Avec la crise sanitaire, nous sommes noyés, parfois perdus, face à une montagne d’informations. Grâce à nos ateliers, on aide les jeunes à faire le tri. On les éveille à la vérification d’informations en leur donnant quelques clés pour ne pas se laisser berner. Ils sont très réceptifs et adoptent souvent très vite les outils qu’on leur donne !



Où et comment vérifier une information ?

• Vérifiez d’abord le site/média où l’info a été trouvée grâce au site Décodex, créé par le journal Le Monde. Vous saurez si la source d’information est fiable ou connue pour diffuser des informations fausses ou parodiques.

• Côté photo, faites une recherche inversée sur Google images ou TinEye. Vous trouverez la date de première publication de la photo et le média où elle a été publiée afin de vérifier si la légende est exacte.

• De nombreux médias ont créé leur rubrique de vérification d’info. Outre Décodex (Le Monde), il existe AFP Factuel (Agence France Presse), Checknews (Libération) Fake Off (20 minutes). Des contenus souvent proposés aussi sur Snapchat, TikTok ou Instagram. Sur YouTube, la chaîne HugoDécrypte est une référence plébiscitée par les jeunes. Sur France.tv, « L’intox c’est nous » et « La fabrique du mensonge » décryptent des infox en profondeur. Ou encore la rubrique « Désintox » sur Arte.tv.