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Le projet jeunes-police du Gao

Dépasser les préjugés entre jeunes et policiers, et privilégier la rencontre pour favoriser un rapprochement : tels sont les objectifs du projet jeunes-police lancé cette année par le club de prévention Le Gao, au Petit-Nanterre. Une première initiative a eu lieu début novembre avec un atelier de self-défense destiné aux filles.
Ce samedi 5 novembre, ils sont deux policiers : Bastien, un ancien du Raid, et Sofiane, membre des CRS. Ils sont là pour transmettre à 14 jeunes femmes nanterriennes de 14 à 18 ans les gestes de base pour se défendre en cas d’agression. Cette séance, organisée au gymnase Léo-Lagrange, est complétée par un débat sur le thème : « En 2022, peut-il y avoir un monde sans forces de l’ordre ? ». Il est suivi d’une discussion à bâtons rompus autour du harcèlement : sa définition juridique, l’importance du cyber-harcèlement, ainsi que les obligations policières quant au dépôt de plaintes pour les violences sexistes et sexuelles.
Casser les a priori réciproques
Abdelrani Touhami et Gildas Mendy, éducateurs spécialisés au Gao et initiateurs du projet avec leur directeur, Mustapha Ouchikh, ont même organisé un repas en commun pour favoriser la rencontre et casser les a priori réciproques. Une soirée très appréciée par les participantes : « En tant que femme, j’assiste presque tous les jours à des scènes d’agression, raconte Safa. C’est important de connaître des techniques pour se défendre. J’ai appris beaucoup de choses : comment me détacher de l’agresseur et même la façon de réagir si je suis témoin. On peut filmer pour avoir une preuve mais aussi pour embarrasser l’agresseur, afin que ce soit lui qui ait honte et pas la victime… » « On a appris à protéger nos points vitaux, comme le visage, avec nos coudes ; comment reculer rapidement, poursuit Manel. Mais aussi à utiliser la parole pour éviter la violence. » Kaouthar était heureuse d’y participer avec ses amies, ses repères : « Il n’y a pas eu de gêne ! » Seul unanime regret : « Un atelier c’est bien, mais ça ne suffit pas ! » explique Latifa. Le débat et la discussion ont permis de lever certains a priori, comme le souligne Safa : « Au départ, j’étais plutôt négative, j’avais tendance à mettre les forces de l’ordre dans un seul et même sac. Interagir avec ces deux policiers m’a permis de changer de regard sur eux. » Manel confirme : « J’étais réticente à cause de tout ce qu’on voit sur les réseaux [sociaux], j’ai un peu évolué. » Maïmouna, stagiaire éducatrice au Gao, se réjouit que les jeunes participantes aient pu « voir la personne avant la fonction ». Mission accomplie donc pour les deux éducateurs à l’origine du projet. « On veut déconstruire les préjugés, explique Abdelrani Touhami. Cet atelier, organisé entre filles, dans un espace clos, dans le respect de l’autre, s’est très bien passé. J’ai trouvé les policiers très à l’écoute pendant le débat, surtout sur la question du dépôt de plaintes. »
Prochaine étape ?
Organiser une sortie destinée aux garçons, allant à la rencontre de la police afin qu’ils découvrent les nombreux services existants : la police de l’air et des frontières, la brigade de répression du banditisme, les CRS, etc. Gildas Mendy, l’autre éducateur porteur de ce projet prévu jusqu’à la fin 2023, prépare également avec les jeunes du quartier un podcast radio autour des a priori réciproques. Il prendra la forme d’un débat « qui permette de confronter les points de vue ». « J’ai vécu ce moment aussi comme une expérience sociale, conclut la jeune Safa, je n’aurais sans doute jamais croisé un ancien policier du Raid dans la vie. Et c’était bien une rencontre entre un humain et un autre humain… »