En direct
RetourMobilisation
Le gouvernement doit entendre l’urgence

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies mardi 6 décembre devant le ministère du Logement à Paris, à l’appel de 130 élus dont 25 maires, pour alerter sur la grave crise du logement en Île-de-France et réclamer à l’État, la région, le département et la métropole du Grand Paris un véritable engagement en faveur du logement social et abordable pour tous.
Elle s’appelle Nadia, elle est auxiliaire de vie pour personnes âgées et elle manifestait le 6 décembre dernier devant le ministère, avec de nombreux élus de Nanterre, Gennevilliers, La Courneuve, Noisy-le-Sec, etc., des bailleurs sociaux, la Confédération nationale du logement (CNL), Droit au logement (DAL), la CGT… En attente d’un logement social depuis quinze ans, Nadia vit seule avec ses trois enfants dans un studio à Noisy-le-Sec : « Pour 30 m2 dans le privé, je paie 700 euros par mois ! Mes enfants réussissent bien à l’école mais quand ils ont des examens, ils doivent aller réviser chez mes copines pour être au calme. J’aimerais tant qu’ils travaillent dans leur chambre, à leur petit bureau… »
Première revendication des manifestants : 30 % de logements sociaux dans les nouvelles constructions, faute de quoi Corinne Cadays Delhome, adjointe au maire de La Courneuve chargée du logement, réclame « la criminalisation des villes qui n’en construisent pas ». « La situation ne fait que s’aggraver, renchérit Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers, car il y a des maires égoïstes dans cette métropole qui préfèrent payer des amendes plutôt que de construire des logements HLM ! » Autres revendications du collectif : l’encadrement des loyers du parc privé, la transformation des bureaux vides en logements et, surtout, des financements massifs de l’État, du département et de la région. Car, à Nanterre notamment, ils sont aux abonnés absents. Samia Kasmi, adjointe au maire de Nanterre déléguée à l’habitat et au logement, confirme la gravité de la situation : « Le délai d’attente pour un logement social à Nanterre est passé de trois ans en 2017 à six ans en 2022. Dans le Grand Paris, c’est onze ans ! » Didier Debord, élu nanterrien et vice-président du bailleur Nanterre coop’ habitat insiste : « Nous avons 1 600 demandes de mutation à Nanterre, des habitants qui veulent changer de logement car la famille s’agrandit. Mais les parcours résidentiels en Île-de-France sont complètements bouchés ! » La ville travaille pourtant à améliorer ce parcours pour ses habitants, via les processus d’attribution bien sûrs, mais aussi, précise Samia Kasmi « avec l’accession encadrée à la propriété et maintenant le bail réel solidaire ». Parmi la délégation nanterrienne, Pierre Bernière, président de la CNL Nanterre, s’alarme des effets de l’inflation et de la crise de l’énergie provoquant « des augmentations terribles des provisions de charges chez certains bailleurs, qui sont passées de 40 à 100 euros mensuels, c’est une catastrophe ! »
À l’issue de la manifestation, une délégation d’élus – Patrick Jarry, maire de Nanterre, Olivier Sarrabeyrouse, maire de Noisy-le Sec, et Corinne Cadays-Delhome, adjointe au maire de La Courneuve – ainsi que le président de la CNL nationale et du DAL ont été reçus au ministère pour transmettre leurs revendications : « On va continuer à se mobiliser et à se battre, conclut Patrick Jarry. La crise est si grave qu’on ne peut pas baisser les bras, on est dans une situation de blocage total de la construction. Ce n’est pas possible que le ministre, ancien maire de Clichy-sous-Bois, n’entende pas l’urgence et l’angoisse des familles ! »