Se lâcher sans crainte
Il se dit « retraité des battles » avant d’ajouter aussitôt : « Mais ça coulera toujours en moi. Tant qu’il y aura de la musique, ça me donnera envie de bouger ! »
Agent de la SNCF et père de deux enfants, Saïd danse moins aujourd’hui à cause d’une tendinite à l’épaule. En revanche, il continue d’organiser des évènements, d’animer des guinguettes, comme cet été à Paris, de faire danser des gens le vendredi soir lors de soirées Soul Train (1) à l’ambiance très travoltesque : « Quand on ouvre le Soul Train Line (2), on permet aux gens de se lâcher, sans crainte d’être jugés. Ça fait du bien après une grosse semaine de travail… » Amateur de danse debout (3), Saïd a découvert le hip-hop vers 12 ans, grâce à un atelier dans son école de Chanteloup-les-Vignes. « Une révélation ! J’adore l’adrénaline des battles, quand on tombe sur un son, connu ou pas, qui nous prend au dépourvu. Il faut s’adapter, anticiper les moments de break, quand la musique s’arrête, lancer des phases plus rythmées quand elle accélère, répondre au danseur qu’on affronte. C’est comme un rodéo ! J’aime aussi la performance physique et le plaisir que ça procure de réussir des mouvements parfois spectaculaires… » Une passion qui ne l’a jamais quitté et qui lui a fait parcourir l’Europe, au gré des battles de danse debout.
Nouvelle discipline aux JO de Paris 2024
Saïd découvre Nanterre en 2000 lorsqu’il démarre ses études en langues étrangères appliquées à l’université. Mais le vrai déclic s’opère bien plus tard, grâce à la rencontre d’un agent de la direction des Sports de la ville, fan lui aussi de hip-hop. Par la suite, un groupe informel de professionnels du hip-hop monte, avec le soutien de la municipalité, un premier battle de breakdance. C’est en juillet 2021, lors du Live des Jeux organisé sur le parvis de l’Arena de Nanterre. La discipline fera en effet son apparition au programme des JO de Paris 2024. Un collectif est né, Homeprod, qui regroupe autour de Saïd des personnalités du milieu : Bouba Colorz (breakdancer, prof et juge de battle), Dom-K (créateur de crew (4) de breakdance), Fébélek (artiste graffeur et organisateur d’évènements), Youval (breakdancer devenu speaker et animateur), Kero (danseur debout et prof), Corey (danseur et prof de breakdance) et Mélanie Delecroix (la seule non-danseuse, trésorière).
Un premier succès... à renouveler !
Le groupe a aussi pris part, toujours avec la ville, à l’organisation du premier Nanterious Break en avril dernier avec des équipes venues du monde entier. Un succès qui a rassemblé 1 200 personnes au Palais des sports ! La deuxième édition, en avril 2023, se prépare dès maintenant avec des sélections au Canada, en Corée, en Californie, en Israël… Homeprod participe aussi au Get Down Final, le16 octobre prochain, mais prépare surtout activement Le Flow du R’n’B du 23 octobre, en partenariat avec la direction des sports : un concept qui surfe sur la nostalgie de la musique R’n’B des années 1990-2000. « Notre objectif, c’est de partager cet art de vivre qu’est la culture hip-hop autour de nos valeurs : l’échange, le respect, le goût du challenge, l’amour de la musique. Et aussi de créer une communion entre les danseurs et le public pour que tout le monde s’amuse ! »
(1) Soul Train : musique funk de style soul.
(2) Soul Train Line : les danseurs forment un couloir où des couples s’avancent à tour de rôle en improvisant des danses funky.
(3) Danse debout : une discipline du hip-hop, comme le breakdance qui se danse au sol.
(4) Crew : équipes de trois, cinq ou huit danseurs qui s’affrontent en battle
Deux rendez-vous ce mois-ci
The Get Down Final : le dimanche 16 octobre, de 14h à 20h. Le vainqueur breakdance participera au prochain Nanterious Break, prévu en avril 2023.
Le Flow du R’n’B : le dimanche 23 octobre, de 13h à 18h. Inscriptions des danseurs compétiteurs sur le compte Instagram : BATTLE_LEFLOWDURNB. Au complexe sportif du Mont-Valérien (20-22, rue de Suresnes)
