Nanterre info - 472 : Avril 2022

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J’aime le côté enfantin de la gouache, la sensibilité du pastel, les possibilités offertes par l’acrylique, la maîtrise demandée par l’huile.

Baptiste Cupit

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2 ans de récolte de cheveux pour fabriquer la pointe de son alter ego, Voublêve, un pinceau géant.

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L’art au bout du chemin

C’est l’histoire d’un rendez-vous manqué à l’adolescence, puis d’une quête vers l’intime, vers ce qui fait vibrer un être humain, lui permet de se sentir vivant.

À 17 ans, Nanterrien de troisième génération – son grand-père maternel était gardien à l’école Anatole-France –, Baptiste Cupit s’ennuie ferme en BEP électronique. « Je n’ai sans doute pas posé les bonnes questions au collège, pas assez cherché, analyse-t-il aujourd’hui, du haut de ses 30 ans. Petit, j’aimais beaucoup dessiner, des pirates et des mangas. Mais je n’imaginais pas qu’on pouvait devenir artiste. Au contraire, j’entendais dire que l’art était une voie sans avenir, que ces métiers n’étaient pas faciles, qu’en s’y lançant on risquait de devenir pauvre… » Qu’importe ! À 17 ans, il se lance dans la mode, d’abord en école privée mais c’était trop cher, puis au lycée Louise-Michel, mais il a du mal avec le milieu de la mode « très sélectif, trop matérialiste ». Pause dans les études, il travaille pour rembourser son prêt étudiant. En 2012, il reprend son parcours de formation au sein d’une école d’art : « Je m’y suis senti tout de suite à ma place. J’ai tout aimé : l’atmosphère, les cours, toutes les formes artistiques qu’on étudiait, photo, vidéo, sculpture, performances, les élèves, les profs, les ateliers, la liberté des échanges et de la recherche artistique. J’ai eu la conviction que je pourrais m’épanouir dans ce domaine. » Mais, là encore, l’école privée est chère ; Baptiste n’a pas le bac et ne peut donc pas accéder aux écoles publiques d’art. Nouvelle pause pour réfléchir à l’avenir, nouveaux jobs pour rembourser son deuxième prêt. C’est alors que Baptiste découvre les cours municipaux d’arts plastiques destinés aux amateurs, enfants, ados, seniors. Les tarifs lui sont accessibles. Il suit des cours à Rueil puis décide de partir en voyage quasi initiatique à Bayonne, Toulouse, Biarritz. Il enchaîne les cours, les pratiques artistiques et s’invente un jumeau, Voublêve, son nom d’artiste : « V comme vent, à la fois présent et absent, Ouble comme ce double biologique fascinant et pour la petite voix intérieure qui nous guide. Et enfin êve pour rêves, le lieu où tout peut arriver. » Il lui donnera même une forme physique : un pinceau de 1 m 70, sa taille, dont les poils sont composés des cheveux tombés de sa tignasse noire (voir image ci-contre). Deux ans de brossage ! Un pinceau géant qu’il utilise sur de grandes toiles. 2019 marque son retour en Île-de-France. La crise sanitaire qui suit le bloque dans ses projets. En 2021, il revient habiter chez son père et part en quête de ses anciens animateurs de centre de loisirs, au Chemin-de-l’Île. Il anime bénévolement des ateliers de dessin pour des enfants avec l’association Zy’va ; il participe au projet de dessin mural de la structure ; il cherche à publier un livre de haïkus, à exposer ses oeuvres, à donner des cours d’art : « Je n’ai pas de diplôme mais treize ans de pratique ! » Il aime « le côté enfantin de la gouache, la sensibilité du pastel, les possibilités offertes par l’acrylique, la maîtrise demandée par l’huile ». Et, maintenant qu’il a trouvé son chemin, il veut convaincre enfants et ados de croire en eux : « N’hésitez pas, prenez le risque, c’est l’âge pour apprendre et découvrir sans se censurer, c’est le moment d’arpenter ce chemin ! »

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