Le « moment fondateur », celui où elle a ressenti un « plaisir intense » d’être sur scène, a eu lieu quand elle avait 12 ans. Élise faisait alors partie du chœur d’enfants de l’Opéra de Paris, et, cette année-là, les petits chanteurs introduisaient le spectacle Le Roi Roger, à l’Opéra Bastille : « Le décor était incroyable, on jouait en perruque, mon cœur battait super vite ! Le rideau s’est levé, on a commencé à chanter et le stress a disparu. »
Des débuts en danse et en chant
A priori, rien ne destinait la jeune Nanterrienne à embrasser une carrière artistique. « À part les quelques spectacles dans lesquels j’ai joué, je ne suis jamais allée au musée ou au théâtre en famille. J’ai vu une seule pièce, un Molière, en 5e avec ma classe. » Enfant, Élise commence la danse à Rueil puis au conservatoire de Nanterre, avant de rejoindre le chœur pour ses années collège : « Ma mère adore la musique classique. » Ensuite, c’est en regardant des films, beaucoup de films, qu’elle commence à se rêver comédienne : « J’imaginais que la vie des personnages de film était mieux que la mienne, qu’ils vivaient plus d’aventures, plus fort, et cela en toute sécurité car c’est le personnage qui éprouve les sentiments. J’avais l’impression que quand on jouait on changeait de peau, sans ses défauts, ses complexes, ses timidités. Pour une ado mal dans sa peau, c’est très rassurant ! » Le bac en poche, Élise décide donc de prendre des cours de théâtre amateur et s’inscrit à la fac de Nanterre pour étudier le droit : « Mais le droit m’a ennuyée, il n’existe aucune liberté, aucune interprétation possible par rapport au texte… »
Se défaire de ses complexes
Elle bifurque très vite vers une licence d’histoire de l’art : « J’étais complexée d’être inculte en art. J’ai eu l’impression d’apprendre beaucoup et surtout d’acquérir cette culture classique que je rêvais d’avoir. » Très vite, Élise expérimente sur scène le plaisir de dépasser ses limites : « Au théâtre, on peut se rouler par terre, hurler, pleurer, on a l’excuse de la fiction. Un de mes profs nous disait : “Il y a un cadre, il faut mettre un pied dedans, un pied dehors.” J’aime beaucoup cette image qui montre l’importance d’avoir un chemin balisé quand on joue. C’est paralysant d’être trop libre. » À 18 ans, elle commence à aller voir des pièces, d’abord avec son prof de théâtre, puis seule : « Ça s’apprend d’aller au théâtre, car on y est actif ! » Ce qu’elle apprécie surtout : « le théâtre classique » et moins « celui axé sur la performance » – même si elle aime beaucoup les pièces de Vincent Macaigne. Son auteur préféré ? : « J’ai une passion absolue pour Racine. Dans le cadre très strict de l’alexandrin, s’expriment des émotions extrêmement intenses comme la jalousie, une émotion très théâtrale. Et il y a des rôles de femmes magnifiques ! C’est juste parfait. »
La dure loi des concours
Au fil de son apprentissage, la jeune Nanterrienne décide de tenter les concours d’entrée dans les écoles de théâtre : « J’en ai passé beaucoup, sans succès. L’échec apprend beaucoup mais il est difficile. J’étais encore un petit moineau, prête à passer les concours, pas à les avoir. C’est aussi un moyen d‘éprouver son envie de faire ce métier. » En mai dernier, pour intégrer l’Atelier elle choisit de jouer la Sonia d’Oncle Vania de Tchekhov. Une audition et un stage de trois jours plus tard, elle est retenue pour intégrer l’Atelier et devenir apprentie comédienne. Elle exulte malgré les doutes : « J’en ai beaucoup, tout le temps. Ce n’est que le début, pas un achèvement. » Élise démarre avec bonheur deux années de formation, dont la deuxième se déroulera sur scène : « Chaque école a son identité propre et j’ai l’impression d’appartenir un peu à ce théâtre. Peut-être que c’est ici ma place. »