« Quand on demande aux jeunes Nanterriens ce qu’ils veulent faire plus tard, ils répondent footballeur, pompier, policier. Jamais neuropsychologue ou ingénieur énergéticien. Avec ce projet, on veut ouvrir le champ des possibles, leur faire rencontrer des personnes inspirantes. Si on peut susciter des vocations, c’est encore mieux ! » Convaincue, enthousiaste, Jennifer Hamet-Bagnou, neuropsychologue et doctorante au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), a les yeux qui brillent quand elle évoque le projet « Les Lumières nanterriennes ». Elle le porte avec Mohamed Nesba, ingénieur énergéticien pour la ville de Nanterre. Ils se sont rencontrés au lycée Joliot-Curie, en 1re scientifique. Une quarantaine de leurs amis de lycée, et des amis d’amis, se sont déjà engagés à leur suite dans cette aventure. Dès l’automne, grâce à leur association D’Clique, ils proposeront des interventions en milieu scolaire à Nanterre, principalement dans le quartier du Parc, dans le cadre de la cité éducative : « On souhaite faire découvrir aux élèves des parcours de vie riches, pas forcément linéaires et pas seulement de réussite scolaire. La réussite, c’est très subjectif », explique Jennifer. « Nos intervenants sont parfois autodidactes, ils ont créé des associations, lancé une entreprise ou bien ont décidé de voyager la moitié de l’année », complète Mohamed. Jennifer rêve aussi de constituer un groupe de jeunes femmes chercheuses, ingénieures ou avocates pour des rencontres ciblées : « Les filles ont un problème d’estime de soi. Elles ont besoin de modèles féminins auxquels s’identifier, surtout celles occupant des postes à responsabilités ou dans les matières scientifiques. »
Objectif suivant, en 2022 : élaborer un programme de mentorat pour suivre et soutenir les jeunes aux moments clés de leur scolarité, en 5e, en 3e, au lycée. « On prévoit une rencontre par mois mais le mentor doit être disponible pour répondre aux questions du jeune, l’aider en cas de coup de blues, lui faire profiter de son réseau pour trouver un stage, lui faire visiter son entreprise, le faire sortir de son cocon », raconte Jennifer, elle-même mentorée par une chercheuse de l’association Femmes et Sciences, ce qui l’aide beaucoup. « Nous cherchons des professionnels qui s’engagent, prêts à s’investir durant un an dans cette mission de mentorat auprès des jeunes et avec le soutien de leurs parents. » L’important pour ces ados est d’avoir un adulte qui croit en eux. Pour Jennifer, ce fut d’abord sa mère : « Elle m’a toujours poussée, même en cas de doute. Par exemple, lorsque j’ai raté ma première année de médecine et que je me suis réorientée en psycho. » Et auparavant déjà, à l’école Pablo-Neruda où elle est arrivée en CM1 après une période difficile. « Le directeur, M. Pelloli, a dit à ma mère : “Ne vous inquiétez pas, elle réussira votre fille !” Et il ne m’a jamais lâchée, même quand j’étais au collège Paul-Éluard. Si on n’y croit pas soi-même, savoir que quelqu’un est là pour vous, cela vous donne de la force ! »
En chiffres
28 ans
l’âge de Jennifer
Plus de 40
professionnels nanterriens prêts à participer au projet
Talents
Des lumières pour croire en soi
Jennifer Hamet-Bagnou et les membres de son association partagent leurs parcours dans les écoles pour faire découvrir les multiples voies de la réussite.
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