À 32 ans, Patrick Moindjie vient d’honorer sa première commande en tant que photographe. Six photos noir et blanc qu’il a prises à Nanterre (moulin au Mont-Valérien, les tours Aillaud, le parc André-Malraux…) vont illustrer la couverture de l’agenda 2020 de la ville. « Je suis heureux que mes photos aient plu car j’aspire à une reconversion professionnelle. J’aimerais devenir photographe mais, pour l’heure, je suis comptable dans le secteur de la grande distribution », précise-t-il.
Lui qui se croyait « comptable pur jus » a été interpellé il y a cinq ans par son patron qui lui a gentiment soufflé quʼil nʼétait peut-être pas fait pour être comptable. « Je me suis senti un peu vexé, mais il avait raison. Jʼai pris conscience que mon épanouissement serait le résultat dʼune autre expérience. » À ce moment-là, il a 27 ans, un diplôme et il occupe un poste en alternance. Il décide alors de tout plaquer pour partir travailler dans une ferme en Australie, mettre suffisamment dʼargent de côté dans le but de réaliser ensuite un tour de lʼAsie : Indonésie, Singapour, Malaisie, Philippines, Corée, Japon, Vietnam, Laos, Cambodge et Thaïlande. Au cours de ces deux années, il sʼinitie à la photographie et sʼachète un premier boîtier et des focales. « Comme je voyageais seul, jʼavais envie de partager mes découvertes avec mes amis et ma famille restés en France. Les paysages et les villes étaient si intenses quʼil fallait que je fasse de belles photos. » Il publie régulièrement ses clichés sur un blog et reçoit de nombreux compliments de son entourage.
En rentrant en France, il sʼinstalle naturellement à Nanterre, la ville où il a grandi et où il retrouve rapidement un emploi de comptable. En parallèle, notre trentenaire sʼinscrit à la formation à distance dʼune école de photo pour apprendre la technique et pour sʼexercer aux cas pratiques. Dans la foulée, il se rend à la Fête de la vie associative et propose ses services de photographe. Il commence bénévolement auprès de la section du rugby à 13, de la capoeira, du boot camp, de Musique et compagnie… Au hasard de ses pérégrinations à Nanterre, lʼappareil photo autour du cou, il découvre La Ferme du bonheur, les jardins partagés. « Grâce à la photo, jʼai redécouvert ma propre ville. Depuis mon retour en France il y a deux ans, je me comporte comme un touriste, sauf que je fais mes excursions près de chez moi. » Patrick ajoute que son attachement à la ville nʼa fait que sʼaccroître depuis quʼil la « shoote ». Encouragé par la commande de la municipalité, le jeune homme rêve de photographier le monde entier, les paysages autant que les gens. « Avec ma femme, nous sommes allés dernièrement au Belize et au Guatemala. Le matin, je me réveillais deux heures avant mon épouse pour aller prendre des photos dans les rues. » Actuellement, il arpente la région parisienne pour saisir la fameuse heure bleue, en perspective dʼune exposition proposée par lʼassociation nanterrienne Passion photo, les 1er et 2 février, à la Maison du Chemin-de-lʼÎle. Dès quʼil a le temps, il se pâme devant les photos de JR et de Steve McCurry sur Instagram ou se rend dans les expositions, comme celle du photojournaliste Pascal Maitre, qui lʼa subjugué dernièrement. En attendant dʼatteindre le niveau de ses modèles, Patrick sʼapprête à mener une double vie : comptable la journée et photographe les soirs et les week-ends.