L’ascension d’une étoile

L ’été de ses 18 ans, Valériane a eu à faire le premier choix déterminant de sa vie. Alors qu’elle était admise au prestigieux Centre national de danse contemporaine à Angers, la jeune Nanterrienne apprend fin juillet qu’elle est également retenue dans une école américaine. « Tout était prêt pour que j’aille à Angers, j’avais la bourse, le logement… Mais partir danser à New York, dans le centre Alvin Ailey qui plus est, était mon rêve. Je n’ai pas choisi la facilité et la sécurité, j’ai pris un billet pour la Big Apple. » Les premiers jours à Manhattan sont difficiles, se souvient la jeune fille, qui doit faire face au coût de la vie et trouver un appartement sans garants « solides », ni une maîtrise parfaite de la langue. Heureusement qu’une famille d’amis l’héberge quelques semaines le temps de dégoter une colocation à Harlem-Est. Ses « petites galères » sont compensées par ses premiers pas dans la fameuse école de danse installée sur la Neuvième Avenue. « Cet endroit est mythique, la compagnie Alvin Ailey fait rêver beaucoup de danseurs depuis les années 70. Sur place, j’ai découvert des professeurs formidables, l’esprit de compétition et surtout, j’ai rencontré des danseurs de tous les pays. » La danseuse aux capacités physiques étonnantes fait rapidement ses preuves, cette formation en trois ans semble faite pour elle. Pour en arriver à ce niveau, Valériane a montré une détermination sans borne depuis le plus jeune âge. À 6 ans, la petite fi lle timide qui vit avec ses parents et sa sœur boulevard de Pesaro commence à l'ESN puis intègre les cours de danse du conservatoire de Nanterre. Ses professeurs successifs qui perçoivent son potentiel la poussent à s’orienter vers une classe à horaires aménagés au collège de Rueil-Malmaison, puis vers un lycée parisien en partenariat avec le conservatoire à rayonnement régional de Paris. Elle rentre tous les soirs à Nanterre vers 21h en n’oubliant pas de faire ses devoirs avant de se coucher. « Pendant toutes ces années, mes parents m’ont soutenue pleinement. Dans la famille, on aime les arts. Mon père est musicien amateur et ma grande sœur, Doriane, est comédienne depuis l’âge de 9 ans. Elle a joué plus de dix ans dans la série Famille d’accueil sur France 3. » La petite sœur, elle, préfère la danse classique, en dépit de ce que lui disent certains professeurs qui lui font comprendre que la couleur de sa peau et que sa silhouette (Valériane est petite) ne correspondent pas aux « codes » du genre. La jeune fille ne se braque pas et laisse parler. « En entrant dans cette formation, ma couleur noire n’était plus un problème. Là-bas, j’ai considérablement élargi ma palette, j’ai mixé les techniques de danse classique avec celles du modern jazz ou encore de la danse africaine… » Aujourd’hui, la danseuse âgée de 22 ans a décroché un contrat professionnel dans la compagnie américaine Evidence du chorégraphe Ronald K. Brown. Depuis janvier, elle participe à une tournée qui lui a permis de découvrir les grandes villes des États-Unis. « J’ai la chance de danser aux côtés d’Alicia Graff Mack, une danseuse que je regardais sur Youtube à l’âge de 12 ans. » Pour continuer sa merveilleuse aventure outre-Atlantique, notre Nanterrienne a maintenant besoin d’obtenir un visa d’artiste. « Je croise les doigts, sinon j’ai un plan B : devenir art-thérapeute et proposer des master class en France. On verra… »