Il suffit parfois d’un regard d’expert pour commencer à se simplifier grandement la vie. Surtout lorsque l’on est en situation de handicap ou que l’on a atteint un âge avancé. Sylvie Gomez Chataignier est architecte d’intérieur, spécialisée dans l’accessibilité. Dans un premier temps, elle observe comment vivent et évoluent ses clients dans leur intérieur. Elle s’empare ensuite de son crayon pour dessiner des plans en trois dimensions et proposer des aménagements plus ou moins importants et compatibles avec les budgets. Au besoin, la jeune entrepreneuse aide ses clients à faire valoir leurs droits à des aides financières auprès des différents organismes.
Elle demande aussi souvent l’avis d’un ergothérapeute, puis elle passe le relais aux artisans. Parmi les astuces qui facilitent la vie quotidienne, ce peut être un cheminement lumineux discret pour aller à la cuisine ou aux toilettes la nuit sans réveiller son conjoint pour une personne très âgée, un lavabo avec des hauteurs variables ou un système de tiroirs bas pour une personne en fauteuil, des revêtements de murs et de sols différents afin de repérer les pièces de la maison pour des non-voyants… « Souvent, chez les gens en situation de handicap, des aménagements sont bricolés mais ils ne sont pas très esthétiques, note-t-elle. Or il existe toutes sortes de solutions judicieuses, discrètes et jolies qui ne sont pas forcément très chères. » Ainsi, pour éviter les batailles quotidiennes et épuisantes avec Romain, un jeune autiste de 5 ans, Sylvie a fait installer une lampe connectée dans sa chambre qui change de couleur lorsque le dîner est prêt ou qu’il est l’heure d’aller se coucher. Cette sensibilité au handicap a grandi au cours de ses jeunes années durant lesquelles la jeune femme a partagé sa vie avec une demi-sœur sourde et muette. C’est aussi l’expérience d’une mère auxiliaire de vie qui s’est longuement occupée d’une dame atteinte de sclérose en plaques qui l’a marquée. « Cette femme était assez remarquable et je me souviens qu’elle bataillait pour exiger la mise en accessibilité des musées parisiens. »
Pour apprendre ce métier dʼun type nouveau – ce qui ne lʼempêche pas dʼexercer une partie de son activité auprès des personnes valides –, Sylvie a suivi une formation de diagnostiqueur / conseiller en accessibilité, à Tours en 2016. « Jʼai vécu plusieurs jours dans un fauteuil roulant, puis dans la peau dʼune non-voyante. » Côté loisirs, Sylvie est tout aussi impliquée auprès des personnes en situation de handicap. Cette passionnée de plongée sous-marine et monitrice depuis cinq ans sʼest formée récemment au handisub, une pratique adaptée aux personnes handicapées (moteur, sensoriel, psychique et cognitif). Elle vient de créer une nouvelle section à lʼESN Palmerʼs club. Le 30 mars prochain, au complexe sportif du Mont-Valérien, elle présentera cette nouvelle discipline aux côtés de lʼAssociation des paralysés de France lors de La même passion du sport. « Nous nʼavons pas encore de pratiquants car cʼest assez contraignant : il faut deux professeurs pour un élève et du matériel, comme une potence pour descendre doucement le fauteuil dans lʼeau. » En attendant de pouvoir transmettre le plaisir dʼévoluer sous lʼeau à Nanterre, cette habitante du centre-ville part régulièrement vers les plus beaux spots de la planète. Dernière étape : la Thaïlande où elle vient dʼencadrer un stage handisub avec un jeune trisomique et deux personnes non voyantes.
Chiffres
45 ans
5 années d’exercice en tant qu’architecte d’intérieur, spécialiste en accessibilité.
2017 diplôme d’enseignante de plongée handisub
Talents
Archi judicieuse et ultra sensible
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