Il fait partie des premiers labellisés « artisans du tourisme ». Le jeudi 8 novembre, comme 38 autres artisans alto-séquanais, Louis-Joseph Lamborot s’est vu distinguer par le conseil départemental et la chambre de métiers et de l’artisanat pour l’originalité de son savoir-faire et l’accueil qu’il ne manque pas de réserver aux visiteurs curieux de découvrir son métier de tailleur de pierre.
Dans le vaste bâtiment d’Hérès, l’entreprise qu’il a fondée à Nanterre, le bruit des machines est assourdissant. Des blocs de pierre brute de plusieurs tonnes attendent d’être débités, ébauchés mécaniquement et taillés ou sculptés à la main par l’un des tailleurs de pierre de la maison. « Aucune pièce ne sort d’ici sans être passée par la main de l’homme, insiste Louis-Joseph Lamborot. Si la machine fait 80 % du travail, l’intervention humaine est indispensable pour sortir ce que l’on appelle “les noirs”, c’est-à-dire le relief qui va accrocher la lumière et donner vie à la matière. » Titulaire d’un CAP de tailleur de pierre et d’un brevet professionnel de restauration des monuments historiques, Louis-Joseph est aussi l’héritier d’une longue tradition familiale ininterrompue depuis quatre générations. « Je suis né dans la pierre. Mon arrière-grand-père et mon grand-père étaient déjà carriers et tailleurs de pierre en Bourgogne. » Non content de jouer aux cow-boys et aux indiens entre les blocs de pierre, Louis-Joseph Lamborot reçoit sa première massette à l'âge de 12 ans et quitte l’enseignement général à la fin du collège pour se former au lycée Saint-Lambert à Paris puis sur les chantiers de l'entreprise Chevalier, alors implantée sur les berges de Seine à Rueil-Malmaison._ « Pendant trente ans, j’ai travaillé sur les plus beaux monuments de France : les cathédrales de Chartres et de Beauvais, Notre-Dame de Paris,la tour Saint-Jacques, la place des Vosges, la basilique Saint-Sernin de Toulouse, le pont Neuf, le dôme des Invalides et du Val-de-Grâce, les façades sur jardin et les trophées sculptés du château de Versailles. »_
Pour autant, Louis-Joseph Lamborot sent les commandes publiques s’amenuiser et cherche de nouveaux débouchés. Objectif : toucher une clientèle privée de particuliers étrangers amateurs de façades classiques qu’il faut arracher à la concurrence turque, portugaise ou jordanienne. Le recours à la technologie est incontournable. « J’ai été le premier en 2002 à adapter les technologies utilisées dans l’industrie à l’usinage de la pierre. C’était très mal perçu à l’époque, on m’a reproché de vouloir tuer le métier. Aujourd’hui, tous les ateliers en sont équipés. » La taille de la pièce est programmée en 3D. Un robot à commande numérique ébauche ensuite la sculpture dans le bloc brut par suppression de matière. La technologie permet ainsi d’optimiser le temps passé tout en évitant d’abîmer la pierre. Hérès dispose en outre d’un bureau d’étude qui prépare, dessine et réalise les projets et de deux commerciaux chargés de prospecter les États-Unis et l’Europe._ « Nous sommes un atelier de tailleurs de pierre du XXIe siècle »_, résume Louis-Joseph Lamborot.