Donner du sens aux apprentissages
Éric Pateyron ne se contente pas de transmettre des savoirs. Avec son équipe enseignante, il a l’ambition d’accompagner les enfants vers la citoyenneté. « Je souhaite que les élèves se posent en acteurs de la cité scolaire, que les délégués prennent des responsabilités. » Cela passe par exemple par la réalisation d’un jardin botanique devant l’école, où les enfants intègrent les notions de biodiversité en voyant revenir des rouges-gorges et des mésanges dans le quartier Université. Depuis dix ans, l’école Honoré-de-Balzac appartient au réseau de l’Unesco. À ce titre, plusieurs délégations en provenance de Russie, de Chine ou d’Allemagne ont rendu visite aux petits Nanterriens. L’ouverture sur le monde, que ce militant des droits de l’homme chérit tant, se traduit aussi par le repas annuel des pays du monde pour lequel les parents apportent des spécialités culinaires de leurs régions d’origine.
Du terrain aux hautes sphères
Grand défenseur de l’apprentissage des langues étrangères dès le CP, l’anglais et l’allemand sont enseignés à Balzac. Il assure lui-même les initiations à la langue de Goethe, au détour de chansons et de jeux. « Nous avons reçu la visite de la ministre Najat Vallaud-Belkacem au moment où elle avait annoncé la suppression des classes bilingues dans les collèges. Je n’ai pas manqué de lui faire savoir mon point de vue. » Car Éric Pateyron aime les débats sur l’éducation. Lui, qui n’a jamais été encarté, a participé à une dizaine de groupes de travail au ministère de l’Éducation nationale, entre 2001 et 2017, pour partager son expertise sur la citoyenneté, sur la santé, sur les évaluations nationales en élémentaire, sur les programmes... Ses prises de position l’ont aussi conduit au sein du club Alain-Savary, ce groupe d’experts qui a défi ni les grands principes de la loi de refondation de l’école, dite loi Peillon. À ce sujet, que pense-t-il du retour de la semaine de quatre jours à Nanterre ? « J’étais favorable à l’étalement des temps d’apprentissage et donc à la semaine de quatre jours et demi, mais des problèmes d’organisation et de logistique ont réduit l’impact positif de la réforme. Je le regrette. »
Trente ans aux côtés des élèves nanterriens
Sur les autres grandes réformes des dernières années, il se félicite du dédoublement des classes de CP et applaudit la création des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE). Selon lui, elles améliorent la formation des professeurs des écoles et du secondaire. D’ailleurs, il est chargé d’enseignement auprès des futurs enseignants et réfléchit actuellement aux nouvelles maquettes de formation au sein des ESPE. « Après avoir étudié le droit jusqu’au DEA, j’ai toujours gardé un pied à la fac de Nanterre, en dialoguant régulièrement avec les universitaires. Les études qu’ils mènent me nourrissent. À titre d’exemple, le rapport de François Taddei sur la société apprenante me guide dans mon travail de tous les jours. » Le directeur apprend inlassablement aux élèves que le plus grand plaisir est de partager ses connaissances et que le savoir, plus on le partage, plus on en a. Cet acharné de travail s’accorde des pauses les week-ends et durant les vacances en allant randonner en forêt ou en visitant l’Allemagne. À 55 ans, ce père de quatre enfants confie à demi-mot que sa profession, tel qu’il la conçoit en tout cas, n’est pas de tout repos. Éric Pateyron ajoute aussitôt que le travail mené depuis trente ans à Balzac, auprès de plusieurs générations d’élèves, lui a apporté beaucoup de joies et de bonheur professionnel. « J’ai le sentiment d’avoir bien servi mon institution et je suis heureux d’avoir fait ma carrière à Nanterre, la ville où j’ai grandi, où j’ai étudié de l’école Jules-Ferry au master 2 droits de l’homme. »
À écouter : Éric Pateyron, invité de l'émission "Rue des écoles" sur France Culture