Julien et Clément ont écrit le scénario, réalisé, monté et autoproduit le film. Pour Bull’s eye, Clément était à la fois derrière et devant la caméra puisqu’il y interprète le rôle d’un homme en pleine résilience. Les deux copains aiment mener des projets artistiques après leur « job » respectif. À leur rencontre, dans un cours de théâtre à Paris, ils ont une vingtaine d’années. Très vite, leur passion commune pour la scène et le cinéma les réunit. « On ne se quitte jamais, notre entourage nous appelle Tic et Tac ou les frères Bogdanoff », plaisante Clément. Chez Julien, le cinéma est une histoire de famille. Son grand-père réalisait des films en Russie, sa mère était comédienne et son père décorateur de théâtre. Il se souvient des heures passées, enfant, au théâtre du Lucernaire, à assister à des répétitions et à des projections de films. Clément, quant à lui, raconte qu’il ne lâchait jamais la caméra huit millimètres de ses parents.
Leur amitié les conduit d’abord à monter une pièce de théâtre en 2012. La théorie des phacochères a d’ailleurs été jouée à la salle des fêtes de Nanterre. « À l’époque, j’étais régisseur, explique Julien. Je travaillais comme intermittent du spectacle dans plusieurs équipements culturels de Nanterre. S’y produire était donc un peu plus facile. » La réalisation de film viendra plus tard, en 2015. Julien et Clément signent alors un « mini-métrage » d’une minute tourné au téléphone portable. Le film, sélectionné au Mobile film festival, est projeté au cinéma l’Arlequin à Paris. « Cette reconnaissance nous a donné les ailes pour poursuivre », rapporte Clément. C’est à partir de ce moment-là que les deux complices décident d’aménager un studio de montage au sous-sol de la maison de Julien, au Chemin-de-l’Île, et créent une société de production audiovisuelle, Higgs Films, pour répondre à des commandes du secteur de la communication. « Aujourd’hui, nous aimerions adapter un livre sous la forme d’une série et d’un moyen-métrage », dévoile Julien sans en dire davantage. Grâce à l’obtention du prix du public au festival de Bezons, les jeunes réalisateurs ont fait la rencontre de producteurs, de compositeurs… « des gens avec qui on a envie de travailler et qui pourraient financer en partie ce nouveau film ».
En attendant, Bull’s eye est une belle carte de visite. Le film devrait tourner dans plusieurs festivals européens. « J’aimerais bien le projeter à Nanterre, glisse Julien Janska. Je suis un fidèle spectateur du cinéma Les Lumières, je lance l’idée ! Le film pourrait aussi servir de lancement à un débat sur la résilience à l’Agora, pourquoi pas ? »