Nanterre info - 431 : Avril 2018

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Petite bio

1er août 1982 : naissance


2010 : premier collage dans la rue


2012 : première exposition dans une galerie parisienne


25 janvier 2018 : collage à l’université Paris-Nanterre


8 juin 2018 : exposition à La Terrasse, espace d’art

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Portrait

La rue est à Madame

Invitée par le musée du Louvre, la street artiste madame est entrée « en résidence » à Nanterre. À l’occasion du cinquantenaire de Mai 68, elle a déjà réalisé une œuvre monumentale à l’université et elle prépare actuellement, avec des enfants de Nanterre, une exposition bientôt visible à la terrasse.

Si elle dissimule systématiquement son visage devant un appareil photo, Madame n’en demeure pas moins une figure du street art en France. Celle que l’on appelle Madame Moustache, puisqu’elle en dessine une à côté de sa signature, s’est imposée dans le cercle très restreint des artistes de rue cotés sur le marché de l’art. Depuis huit ans, Madame placarde ses images partout dans le monde. Ses visuels se composent toujours d’une punch line et d’une image, retravaillée à partir de vieilles photographies et de coupures de presse du siècle dernier, qui dialoguent sans pour autant s’illustrer l’une l’autre. Ses collages ouvrent aux passants une porte vers un imaginaire décalé et ludique.

Choisie par le Louvre
Depuis quelques semaines, Madame passe beaucoup de temps à Nanterre. Approchée par le musée du Louvre, elle a accepté de mener des ateliers à l’école Robespierre et dans les centres de loisirs de la ville. Les enfants s’inspirent de sa technique pour réaliser des affiches qu’ils collent dans la rue et qu’ils exposeront à l’espace d’art La Terrasse en juin prochain. « Un artiste est solitaire par la force des choses et je m’interroge souvent sur l’utilité de mon travail. Au contact des enfants, je me sens utile car je les ouvre sur un monde qu’ils ignorent. » Donner du sens à ses créations, oser s’exprimer dans l’espace public, autant de défi s que Madame lance aux petits écoliers nanterriens.
Avant d’être Madame, elle était Aurélie-Ludivine, une jeune comédienne. « Moi c’est le théâtre qui me branche depuis mon adolescence. » Une fois son bac obtenu à Tours, elle se rue sur l’option théâtre du deug de littérature proposé à Poitiers, puis elle part en échange Erasmus à Rome, où elle restera travailler cinq ans pour une compagnie de théâtre. Baroudeuse, sac sur le dos, elle voyage en Amérique du Sud avant de s’installer à Paris. Aurélie y passe des castings mais les bras des théâtres ne s’ouvrent pas franchement. Alors elle dessine dans son studio et élabore des collages en récupérant de vieux documents dans les vide-greniers. Un jour, un ami graffeur découvre ses carnets et l’enjoint de scanner et de coller les impressions en grand format dans la rue. « Cet ami est le trait d'union entre la rue et moi, je n’avais pas du tout cette culture. » Très vite, elle comprend que la rue deviendra sa plus belle scène. Son premier collage, elle l’appose le long du canal Saint-Martin. « Cette mise en scène était l’équation de tout ce que j’aimais ». À partir de ce moment-là, elle sert dans un restaurant le jour et « bombarde » la nuit, en placardant jusqu’à 40 affiches par virée. « Je cherchais à marquer mon territoire sans pour autant tomber dans une démarche publicitaire. J’ai toujours proposé au “spectateur” une image à interprétation multiple, avec des éléments historiques et artistiques à décoder. » Les galeries d’art ne tardent pas à lui proposer des expositions et une bonne place à l’Urban Art Fair. Un des plus grands collectionneurs de street art en France, Nicolas Laugero Lasserre, la repère et la prend sous son aile. L’an dernier, consécration suprême, c’est le musée du Louvre qui la contacte pour mener des ateliers à Nanterre et à Garges-lès-Gonesse. « La reconnaissance de cette institution apporte une crédibilité. Mais je sais que tout peut s’arrêter du jour au lendemain, alors je vis pleinement cette parenthèse enchantée. »

Une œuvre monumentale à Nanterre
Aujourd’hui, Madame colle uniquement d’immenses formats, comme celui que l’on peut admirer à l’université de Paris-Nanterre (bâtiment L) depuis le 25 janvier. Cette œuvre monumentale (6 x 24 m) est une réinterprétation d’un tableau de Jean-Baptiste Greuze présenté au Louvre. « Le musée et l’université m’ont invitée à réaliser ce travail en écho au cinquantième anniversaire de Mai 68. J’ai choisi ce diptyque car il symbolise la rupture entre le père et le fils. » Pour cette artiste de 35 ans élevée dans une famille de gauche, Mai 68 résonne particulièrement. Ses parents, « des babas cool », lui ont souvent parlé de ces événements qui ont marqué leur jeunesse. « L’idée que tout soit parti d’une revendication au sujet des dortoirs des filles me plaît beaucoup ! »

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