Nanterre info - 429 : Février 2018

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portrait-C-Harari.jpg Cécile Harari

Petite bio

Octobre 1980
Naissance à Issy-les-Moulineaux

Mai 2004
Installation à Nanterre

Octobre 2009 à janvier 2010
Participe au dispositif Observer la ville

2010
Master 2 d’Esthétique à Paris 1

2012
Début des travaux sur la Papeterie

Cécile Harari

Je voulais tout dessiner de la Papete et je ne pouvais pas tricher.

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Portrait

Cécile Harari,
laissez parler le papier

Son regard d’artiste, sensible et généreux, en fait un témoin privilégié des dernières années de vie de la Papete. Cécile Harari en a croqué et mitraillé les moindres recoins. Elle a aussi tendu son oreille attentive aux salariés.

Son itinéraire de création est pour l’instant indissociable d’un lieu emblématique de l’histoire industrielle de la ville : la Papeterie de la Seine. Cécile se passionne depuis plusieurs années pour cette « forteresse » centenaire qui employait, aux plus belles heures de son activité, dans les années 1950 et 1960, jusqu’à 1 600 personnes.


UN SUJET EXCEPTIONNEL

Fraîchement diplômée d’une maîtrise de photographie, la jeune femme s’installe en 2004 à Nanterre. Cette année-là, elle découvre l’usine de fabrication de pâte à papier, à la faveur d’une visite organisée par la Société d’histoire de Nanterre dans le cadre des Journées du patrimoine. Elle a l’intuition de tenir là un sujet exceptionnel. « Je voulais sortir de la facilité et faire autre chose que de belles images de voyages. »
Au cours de la longue période d’incertitude durant laquelle se succèdent arrêt de la production, reprise d’activité et enfin, fermeture définitive de l’usine en mars 2011, Cécile part à la rencontre des ouvriers. Avec un ami sociologue, Yann Le Lann, ils collectent des témoignages, immortalisent les bâtiments désertés et les machines à l’arrêt. « Le directeur chargé de gérer le démantèlement et la revente du site m’a ouvert les portes. Je lui suis très reconnaissante. Nous avons interrogé les salariés sur la manière dont ils avaient vécu cette période difficile. Beaucoup ont refusé de nous parler car c’était trop dur. »
Cécile participe alors aux ateliers municipaux d’arts plastiques et se passionne pour un nouveau moyen d’expression qui prend bientôt le pas sur la photo : le dessin. Dans son petit atelier de Colombes, elle passe de nombreuses heures à représenter au crayon, puis à l’encre noire et sépia, différents angles de vue de l’usine en plans larges ou serrés : la salle des pompes, le château d’eau, les sous-sols, des détails de machines... « Je voulais tout dessiner de la Papete et je ne pouvais pas tricher : j’avais l’œil des ouvriers derrière moi ! Je me suis aussi rendue compte que cette usine est belle, même si mon compagnon, qui a vécu à côté pendant son enfance, se rappelle surtout des odeurs nauséabondes l’été ! » De ce travail, naissent deux carnets, l’un en collaboration avec Yann Le Lann en 2014 (1), l’autre signé uniquement par Cécile l’année suivante (2). Ce « livre hybride », comme elle le qualifie, a reçu une aide à la création de la ville et mêle joliment dessins, photos, témoignages, réflexions personnelles et croquis débordant dans les marges. Lors des Assises pour la ville, en mars 2016, Cécile met en lumière la situation de la papeterie en exposant à l’Agora une toile imprimée, exécutée à partir d’un montage de photos et de dessins.


UNE CRÉATRICE PROTÉIFORME

Aujourd’hui, l’artiste de 37 ans décline son travail en élaborant de petits objets (estampes imprimées à partir de planches linogravées, pochoirs à l’acrylique, cartes postales, marque-pages réalisés en découpant ses dessins, aquarelles…) à prix très raisonnables : « C’est pour les copains qui n’ont pas d’argent », précise-t- elle en souriant.
En décembre, elle a organisé sa première exposition dans son deux-pièces du centre ancien et réfléchit maintenant à un deuxième événement dans un lieu plus adapté. Son souhait est évidemment de se faire connaître au-delà du territoire nanterrien et de vivre mieux grâce à sa production artistique. Si la jeune femme a décroché quelques emplois dans le domaine culturel (accueil à la galerie Villa des Tourelles et dans une galerie municipale à Houilles, animation d’un atelier photo pour la ville), sa situation reste précaire. Cependant, elle fourmille de projets, comme celui de se lancer dans la fabrication de papier. « Je n’en ai pas encore fi ni avec la Papete, assure-t-elle. Il faut que je rencontre la société qui a géré la fermeture, l’inspection du travail, des anciens salariés pour faire d’autres publications. » Seulement après, Cécile tournera la page et se plongera dans un nouveau sujet.

(1) Papeterie de la Seine, images et récits, 30 pages, disponible auprès de Cécile Harari.
(2) Repeupler, la Papeterie de la Seine, images et paroles, 40 pages, 8 euros, en vente à la Société d’histoire de Nanterre et à l’Office de tourisme.

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