ZY'VA POUR DEUXIÈME MAISON
Mourad, 28 ans, est né à la maternité de l’hôpital Max-Fourestier, à seulement quelques mètres de l’appartement des Pâquerettes dans lequel il a grandi aux côtés de son frère et de sa grand-mère. Très vite, les locaux de l’association Zy’va deviennent sa deuxième maison. Grâce à cette structure sociale, il s’ouvre sur le monde et découvre le théâtre à l’âge de douze ans. « J’ai adoré être sur scène et faire rire les autres. Avec mon pote Ouali, on sortait du lot, on était à fond. »
Grâce au directeur de l’époque, Hafid Rahmouni, Mourad trouve son stage de troisième au théâtre des Amandiers. « Hafid, qui est décédé l’an dernier et qui nous manque beaucoup, a été décisif dans mon parcours. Il m’a toujours conseillé et orienté. Il comprenait ce que je voulais et savait où me placer. »
En côtoyant les fondateurs de l'association, Mourad a surtout appris à rêver et à ne pas se mettre de barrières. Hafid Rahmouni, Mamadou Diallo et les autres lui ont montré qu’avec de l’audace et le sens du réseau, il pouvait frapper à toutes les portes. « Ils m’ont mis sur tous les bons plans imaginables : j’ai joué des sketchs sur le plateau du Grand Journal de Canal+ ou encore devant Jacques Chirac qui inaugurait le siège de l’association Ni putes Ni soumises. Grâce à Zy’va, j’ai rencontré Jamel Debbouze, mon idole, qui a eu cette phrase qui m’a marqué à vie : " T’as aucune chance, alors saisis-la ! ". Zy’va m’a aussi présenté la journaliste Florence Aubenas qui m’a emmené avec elle en Thaïlande dans le cadre d’un reportage pour le Magazine du Monde. »
L’association Zy’va et la ville ont d’abord cru en lui quand elles lui ont permis de faire ses premières scènes lors de la semaine de OUF et d’imprimer gratuitement des flyers. Puis, le maire de Nanterre, Patrick Jarry, l’a parrainé pour lui donner accès au Cours Florent. Avec son visage aux faux airs de Popeye, un surnom qui le poursuit depuis l’adolescence, Mourad a réussi à se faire remarquer dans les scènes ouvertes aux jeunes « stand-upeurs ». La chance ? Bien sûr qu'il sait la saisir...
À l'époque, il est cuisinier le jour et bosse dur le soir pour devenir comique. « Ce n’est pas facile de devenir humoriste. Je me suis pris des portes dans le nez, j’ai fait des bides et les potes m’ont souvent charrié au quartier. » Mais le jeune homme est déterminé et se donne toujours les moyens d’atteindre ses objectifs. Il y a deux ans, il n’a pas hésité à démarcher l’homme d’affaires Dawala, qui produit plusieurs rappeurs, pour lui proposer son aide dans le développement d’une troupe d’humoristes. Le producteur, qui a perçu rapidement les compétences d’entrepre- neur de Mourad, lui a fait confiance.
VIVRE DE SON ART
Depuis cette embauche, conclue dans une grosse cylindrée, Mourad réussit à vivre du spectacle. « J’ai mis mon métier de cuisinier de côté, je ne cuisine même plus pour ma femme. » C’est que notre homme n’en a plus le temps… Il partage en effet son emploi du temps entre l’organisation de spectacles et les séances d’écriture de son propre show. Vendredi 8 décembre, Mourad monte d’ailleurs sur la scène de l’Apollo théâtre à Paris où il aura trente minutes pour faire rire la salle. Mais l’artiste n’a pas déserté Nanterre pour autant. Même s’il habite désormais à la Zilina, il s’investit à 100 % pour son quartier de cœur, le Petit-Nanterre. Il est devenu président de l’association Zy’va et met toute son énergie pour communiquer autour des actions portées par la structure et pour collecter des fonds privés et publics. « Zy’va m’a tellement donné, c’était une évidence pour moi de rendre la pareille ! »