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Champignons made in Nanterre

Par Isabelle Fruchard

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Avec Mimi champi, la culture du champignon se perpétue dans la ville. Non plus dans les carrières, mais dans un quartier populaire. Une initiative au service de la transition écologique et créatrice d’emploi.

On n’imaginerait pas faire la cueillette des champignons ici. Au sous-sol de la résidence La Colombe au Parc Sud, dans un local de Nanterre coop’ habitat, Lamine Cherifi et ses deux associés, Mehdi Bouta et Cédric Viotty, ont installé une grande tente noire. À l’intérieur, dans une lumière bleutée, des rangées de cubes noirs couverts de petits champignons blancs et d’une sorte de voile blanc, le mycélium, reposent sur des étagères. Ce sont des substrats végétaux constitués de résidus agricoles et servant de matière nourricière. Bienvenu dans une champignonnière d’un nouveau genre, l’entreprise Mimi Champi, où les shiitake, ces champignons asiatiques riches en protéine et aux vertus antioxydantes, poussent en trois semaines. Pour reconstituer les conditions optimales de leur pousse, les entrepreneurs ont fabriqué un ingénieux système de soufflerie avec humidificateur et extraction du CO2. « Nous diffusons même des bruits de la forêt, comme celui de la pluie sur les feuilles, et nous avons constaté que les champignons poussaient encore mieux ! » affirme Lamine. Après un mois d’activité, la première récolte, appelée « volée », se révèle très prometteuse avec une centaine de kilos vendus dans des magasins bio de la région (et bientôt sur les marchés de Nanterre !). La deuxième volée est attendue deux semaines après, suivie d’une troisième, puis les substrats sont asséchés pendant quinze jours avant d’être réutilisés. Mimi champi a été lauréat, en septembre dernier, de l’appel à projets de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, Quartiers fertiles, qui récompense des initiatives d’agriculture urbaine créatrices d’emploi dans des quartiers prioritaires. Une perspective envisagée avec optimisme par Lamine originaire du Parc Sud et qui s’est formé à l’entrepreneuriat. « Nous souhaitons louer le grand local mitoyen et y installer 16 tentes afin d’avoir une production régulière et fabriquer nous-mêmes les substrats. Nous aurons besoin de main-d’œuvre pour la récolte, le conditionnement et la livraison, et nous comptons bien travailler avec les gens du quartier. »