Mémoires vives du Mozambique et d’Algérie

Sur la petite scène du Théâtre par le bas, au rez-de-chaussée de l’une des tours Aillaud, ce samedi après-midi de mars, sept filles et trois garçons enchaînent les tableaux extraits de la pièce de Laurent Gaudé, Les Sacrifiées. L’histoire de trois générations de femmes qui évoquent trois époques de l’histoire franco-algérienne : la guerre d’indépendance, l’émigration et la vie dans le bidonville de Nanterre-La Folie, et l’Algérie d’aujourd’hui. Des thèmes qui font écho à l’exposition du photographe mozambicain Mário Macilau, Cercles de mémoires, à l’espace d’art La Terrasse. À défaut de pouvoir visiter l’expo, les jeunes de 12 à 20 ans ont pu découvrir le travail de Mário sur les vestiges de la colonisation portugaise dans son pays, lors d’un stage de théâtre durant les vacances de février. Line Francillon, médiatrice culturelle à La Terrasse, a organisé une projection des œuvres du photographe et a expliqué sa démarche et sa technique. « Ces portraits superposés sur les ruines de la colonisation sont frappants, confie Yassine, 16 ans. La vie continue après cette période qui a tout chamboulé. La vie est plus forte que tout, malgré la pauvreté et la misère.J’aime beaucoup la technique qui fait comme un rideau par-dessus la photo. C’est à la fois puissant et très beau. » Pendant ce stage, certains et certaines ont fait le lien entre l’histoire des ancêtres de Mário et celle de leurs grands-parents et arrière-grands parents venus d’Algérie. Encadrés par Laura (notre photo) et Wenceslas, ils se sont plongés dans le texte poétique de Laurent Gaudé, mis en scène pour la première fois en 2004 au théâtre Nanterre-Amandiers. « Ils ont découvert cette période de la colonisation et de l’émigration qu’ils ne connaissaient pas, car généralement on n’en parle pas en famille », souligne Jean-Luc Borg, le directeur du Théâtre par le bas. Le travail se poursuit depuis chaque samedi avec d’autres apprentis comédiens et comédiennes du quartier. Tous espèrent une restitution publique au printemps et une visite de l’exposition…