Les mauvais chiffres du logement sont têtus. Selon le rapport de janvier 2022 de la Fondation Abbé-Pierre, 4,1 millions de personnes en France n’ont pas de toit ou ont un habitat inadapté voire indigne. En Île-de-France, 45 % des logements sont des passoires thermiques, qui seront progressivement interdites à la location d’ici à 2034. Dans le même temps, ce sont 750 000 familles qui y ont une demande active de logement social quand 70 000 sont attribués chaque année, soit un délai d’attente moyen qui dépasse les dix ans. Malgré ce constat d’échec partagé par tous les acteurs du secteur, la construction reste en berne. Le schéma directeur régional francilien estime à 37 000 le nombre de logements à construire chaque année. En 2021, seulement 23 000 HLM ont été agréées, contre 36 000 par exemple en 2016… Dans le privé, le prix de l’immobilier continue de progresser fortement malgré les crises (+ 25 % en cinq ans en Île-de-France), le prix des terrains explose, le coût de la construction est à l’avenant. Résultat : un nombre de plus en plus restreint de ménages peut accéder à la propriété dans la métropole du Grand Paris. Le parcours résidentiel qui pouvait amener les jeunes à passer par les habitations à loyer modéré (HLM) avant d’accéder à la propriété est enrayé, réduisant encore la mobilité au sein du parc social. Malgré les efforts qui y sont menés, cette situation n’épargne pas Nanterre, avec une pression toujours forte sur les prix de l’immobilier, et des délais d’attente pour accéder à un logement HLM qui s’allongent considérablement.
Des revendications restées lettre morte
Dans une ville qui multiplie les efforts pour rester abordable et atténuer les effets de la crise pour ses habitants, cette situation n’est pas acceptable. En 2019, le maire, Patrick Jarry, avait interpellé le président de la République sur la « catastrophe annoncée » qu’elle allait engendrer. L’ a n dernier, avec plus de 130 autres élus d’Île-de-France, il avait appelé une nouvelle fois l’État à réagir ; il avait été reçu, avec une délégation, par la ministre du Logement. Leurs revendications, notamment pour une maîtrise des prix, des loyers et une accélération de la construction de logements abordables, sont restées lettre morte. Les financements de l’État, du conseil régional et du conseil départemental sont toujours inexistants, des villes continuent de ne pas respecter les 25 % de logement social que leur impose la loi dite SRU (Solidarité et renouvellement urbain), notamment dans notre département. Rien non plus n’a été fait pour contenir la spéculation foncière et immobilière, qui alimente encore et toujours l’augmentation des prix au m²… Bref, les réponses à la crise du logement nécessitent un engagement fort de l’ensemble des pouvoirs publics et, à part Nanterre, ces derniers demeurent aux abonnés absents.