C’est avec cette citation qu’Isabelle Antonutti, historienne, conservatrice des bibliothèques et responsable du projet mémoriel, a commencé son discours sur scène. Entretien.
En quoi consiste ce projet mémoriel ?
D’ici à juillet, nous allons recueillir, sous forme d’enregistrements vidéo, les témoignages d’environ 70 personnes qui ont vécu ce drame : les élus, les agents municipaux, la personne présente dans le public ce soir-là, mais aussi des membres des familles des élus assassinés. Avec Safia Dahani, sociologue, nous allons les interroger sur les évènements mais aussi sur leur vie d’avant et leur reconstruction, la façon dont ils ont pu dépasser ce traumatisme. Un studio a été aménagé à cet effet à la Maison Daniel-Féry. Parallèlement, nous collecterons les articles de presse, livres et reportages de télévision. Tous ces documents seront déposés en septembre aux archives départementales des Hauts-de-Seine, à Nanterre. Ils pourront être consultés sur place et, si les témoins donnent leur accord, en streaming sur le site des archives.
Quel est l’objectif de ce travail ?
D’abord, rendre hommage aux élus décédés et aux victimes afi n de préserver la mémoire qui s’étiole vingt ans plus tard. En collectant ces récits de vie nous voulons documenter précisément l’évènement, pour nourrir un futur travail d’historien. Enfin, nous voulons travailler à partir de ces trajectoires individuelles singulières pour mesurer l’impact global de cette tragédie, tenter de mettre celle-ci en perspective dans une vision plus large, celle de l’histoire contemporaine. Cela donnera lieu à un livre en 2023. Je suis très attachée à Nanterre où j’ai vécu longtemps, et j’ai été touchée personnellement par cette attaque. Je suis heureuse que mes compétences d’historienne – chercher les informations, les rassembler, les organiser, les analyser pour les transmettre et les partager – puissent servir ce projet mémoriel.
Propos recueillis par Catherine Portaluppi